Banque en ligne

Les banques en ligne sont-elles déjà dépassées par les néo-banques ?

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Alors que les banques en ligne « pure players » peinent encore à gagner la confiance de leurs clients, on voit arriver sur les marchés anglo-saxons et, depuis le mois de juin en France ce qu’on appelle les néo-banques, start-up qui rêvent de « disrupter » le monde bancaire comme d’autres acteurs ont pu le faire sur l’hébergement ou le transport.

La néo-banque, entre fintech et concept (flou) marketing

Selon les intervenants, la définition d’une néo-banque est très variable. Pour certains, il s’agit de services financiers proposés par une application pour smartphone – une définition technique et restrictive, pour d’autres, comme Eric Charpentier, le fondateur de Morning, une start-up toulousaine, il s’agit de

proposer une expérience au lieu de vendre un produit

pour d’autres, enfin, il s’agit d’une nouvelle conception de la banque, qui facilite les opérations et remet les besoins du client au centre.

La néo-banque risque de devenir dans le monde financier l’équivalent du Web 3.0 : une sorte de slogan garant de modernité dont la réalité n’est pas démontrée. Néanmoins, les néo-banques, dans leur ensemble, apportent un certain nombre d’innovations certaines, ou d’adaptation techniques de pratiques jusque là non automatisées.

La néo-banque est technologique. Elle propose ses services ou son « expérience » via une appli smartphone, éventuellement une interface web.

La néo-banque n’exige pas de ses clients qu’ils ouvrent un « compte bancaire » au sens strict. Sans doute parce que, dans la plupart des cas, ces startups ne disposent que d’autorisations restreintes, mais aussi parce que leur premier objectif n’est pas de gagner de l’argent en plaçant les fonds de leurs clients, mais en vendant des services.

La néo-banque se veut un point central où son client va centraliser toutes ses opérations. C’est cela qui la différencie des banques en ligne (même des pure players) : elles proposent une agrégation des différents moyens de paiement (paypal, …) de service de paiement sur des sites en ligne, d’abonnements. Cette approche différente est renforcée par des services rarement proposés par les banques (personnalisation du Pin, etc), et une présentation plus moderne des relevés bancaires, sous forme de timeline, qui a l’avantage certain d’être adaptée à l’utilisation d’un smartphone.

Le smartphone est au coeur de la néo-banque

Ce dernier est en effet au centre de cette nouvelle expérience. Les néo-banques sont des startups qui proposent des services financiers avec un nouveau mode de consultation. Elles intéressent ceux qui cherchent plus une nouvelle approche de la relation à l’argent qu’une nouvelle banque.

Pouvoir, par exemple, constituer une cagnotte, est une fonctionnalité offerte par des sites de crowdfunding, comme par des associations. La spécificité de la néo-banque est une réponse technologique, portable et sécurisée.

Cette approche, qui attire les early adopters risque, en réalité de freiner le développement des ces startups. Malgré un fort taux d’équipement en smartphone, les français utilisent très peu les services en ligne sur mobile, préférant le confort et / ou la sécurité des applications dédiées aux PC.

Parfaitement en ligne avec le « mobile first » qui gouverne désormais le web, les néo-banques devront, pour durer, proposer la même qualité de service pour le « desktop« .

Échec de la disruption et fin du gratuit ?

Les néo-banques cherchent donc à se poser comme disrupteurs et révolutionner le monde des services financiers, à l’instar d’AirbBnb ou d’Uber. Et, comme dans ces startups devenus des géants, mais toujours très loin du profit, la gratuité des services de base était un argument marketing important.

Un des objectifs premiers de ces banques est de refonder la relation entre le client et sa banque, avec plus de transparence et de simplicité. Le français Compte Nickel a été créé pour les exclus du système bancaire, auxquels il permettait d’ouvrir un compte dans les bureaux de tabac, pour un abonnement annuel de 20 €, Morning se veut entièrement gratuit pour les particuliers, pariant sur le développement de services payants pour les entreprises et les associations.

Mais la situation est totalement différente : à la différence des marchés du réceptif et même du transport, le secteur bancaire est hyper-réglementé et, pour exister, les néo-banques doivent obtenir une licence d’état, et s’appuyer sur les banques existantes. Uber se serait sans doute moins développé s’il avait dû sous-traiter une partie de ses courses aux sociétés de taxi…

L’entrée dans la cour des grands s’accompagne d’obligations financières et de ratios à respecter. C’est sans doute la raison qui a poussé l’allemand N26 à facturer les opérations individuelles, alors que le marché allemand est un des marchés européens les plus sensibles aux coûts.

Des objectifs de clarté et de facilité à intégrer par toutes les banques

La plupart des services proposés par les néo-banques peuvent être proposés par les banques traditionnelles. Si certains nécessitent une adaptation des services en ligne et le développement de nouveaux produits, tout ce que les néo-banques proposent est théoriquement accessible aux clients des banques traditionnelles.

Aussi, plutôt qu’une disruption du marché bancaire, il y a gros à parier que les banques vont, dans les années qui viennent, procéder à des vagues de rachat des startups ayant le plus de succès et intégrer leurs services dans leur offre globale.

Néanmoins, cette évolution devra s’accompagner d’un véritable changement interne, car la technique ne garantit pas la transparence. Si les français ne font pas confiance à leur conseiller bancaire pour leur proposer des produits financiers réellement avantageux, ce n’est pas une timeline sur un smartphone qui y changera quelque chose !