La fin du dispositif Pinel : le logement locatif intermédiaire en héritier potentiel

La fin du dispositif Pinel : le logement locatif intermédiaire en héritier potentiel

Immobilier

La disparition du dispositif fiscal Pinel a provoqué un bouleversement dans l’investissement immobilier locatif en France. Si cette suppression a laissé un vide pour de nombreux investisseurs, elle a aussi ouvert la porte à de nouvelles opportunités, notamment le logement locatif intermédiaire (LLI). Cette alternative promet de maintenir l’intérêt pour le neuf en offrant aux promoteurs et particuliers des avantages fiscaux attractifs. Mais ce modèle peut-il réellement prendre la relève ?

Un marché en quête de solutions

Depuis 1984, les incitations fiscales ont façonné le marché de l’immobilier locatif français. Le dispositif Pinel, en vigueur jusqu’au 31 décembre 2024, permettait aux particuliers d’investir avec des réductions d’impôts en contrepartie de loyers plafonnés. Avec sa disparition, une question clé s’est imposée : comment combler ce manque pour préserver l’investissement locatif ?

Le logement locatif intermédiaire s’est rapidement imposé comme une réponse crédible. Pascal Boulanger, président de la Fédération des promoteurs immobiliers, souligne que ce dispositif reprend certains principes du Pinel, notamment des loyers inférieurs au marché, tout en stimulant la construction dans les zones les plus tendues (A, A bis, B1). Mais ses différences en font un mécanisme à part entière.

Un dispositif fiscal séduisant

Le LLI offre des incitations financières immédiates. Parmi elles, une TVA réduite à 10 % au lieu de 20 %, qui entraîne une diminution du prix d’achat d’un bien neuf estimée entre 15 % et 18 %, selon Stéphane Aubay, président de GreenCity Immobilier. Contrairement au Pinel, où les avantages fiscaux s’étalaient sur plusieurs années, ici, l’effet est instantané.

Autre atout : une exonération partielle de la taxe foncière pouvant aller jusqu’à 20 ans, grâce à des ajustements législatifs récents. Ce dispositif, autrefois réservé aux institutions publiques ou grands acteurs du marché, s’ouvre désormais aux personnes morales, rendant l’investissement accessible à un plus large public.

Un cadre juridique spécifique

Si l’opportunité semble alléchante, elle implique un montage plus structuré que le Pinel. L’acquisition sous le régime du LLI nécessite souvent la création d’une société civile immobilière (SCI). Ce choix, bien que judicieux sur le plan fiscal, ajoute une couche de complexité administrative : la SCI doit être composée d’au moins deux associés et nécessite une gestion comptable rigoureuse.

Toutefois, pour les investisseurs avertis, cette organisation permet d’optimiser la rentabilité du projet, notamment en facilitant la transmission patrimoniale et la mutualisation des coûts.

Une réponse aux tensions du marché immobilier

Le principal avantage du LLI réside dans son impact sur l’offre locative. Il vise les zones où la demande dépasse largement l’offre, favorisant ainsi la construction dans des secteurs en tension, comme les grandes métropoles et leurs périphéries. Cette approche profite autant aux investisseurs qu’aux collectivités locales, qui voient dans ce modèle un levier pour répondre à la crise du logement.

Les promoteurs, eux, trouvent ici un moteur pour maintenir leur activité après la fin du Pinel. Dans un contexte où l’accès au crédit devient plus difficile, le LLI constitue une alternative bienvenue pour financer et développer de nouveaux programmes.

Un investissement à bien calibrer

Toutefois, si le LLI présente des atouts, il n’est pas exempt de risques. L’un des écueils majeurs reste le choix de l’emplacement. L’attractivité et la valorisation du bien à long terme dépendront largement de la localisation et du dynamisme du marché local.

Autre point de vigilance : les simulations financières souvent optimistes des promoteurs. Certaines projections prennent en compte des hausses de loyers hypothétiques ou des taux d’occupation idéalisés. Avant d’investir, il est recommandé de procéder à une analyse rigoureuse et de solliciter des experts indépendants.

Vers une nouvelle ère de l’investissement immobilier ?

Avec la disparition du Pinel et l’essor du LLI, le marché de l’immobilier locatif français est en pleine mutation. L’accent est désormais mis sur des dispositifs privilégiant l’efficacité fiscale immédiate et une meilleure adaptation aux réalités territoriales.

Reste à voir si cette transition sera suffisante pour compenser la disparition du Pinel et encourager durablement l’investissement locatif. Une chose est sûre : les nouveaux modèles doivent conjuguer attractivité pour les investisseurs et impact positif sur le logement. Le LLI pourrait bien être un premier jalon vers une refonte en profondeur du paysage immobilier français.