Depuis janvier 2025, impossible de louer un logement classé G au diagnostic de performance énergétique (DPE). Une mesure censée accélérer la transition écologique, mais qui chamboule aussi le marché locatif. Entre rénovations express, retraits de biens et suspicions de fraude, la nouvelle réglementation ne fait pas que des heureux. Décryptage.
Les passoires thermiques en forte baisse
L’interdiction de mise en location des logements les plus énergivores commence à produire ses effets. Selon Empruntis, seuls 2,3 % des annonces immobilières concernaient encore des biens classés G début 2025, un chiffre en nette diminution par rapport aux années précédentes.
Les données de PriceHubble confirment cette tendance avec une chute spectaculaire du nombre de logements classés G à l’échelle nationale : 1 574 en janvier 2024 contre seulement 516 un an plus tard, soit une baisse de 67 %. Une bonne nouvelle pour l’environnement ? En partie, puisque près de 2,44 millions de logements ont été rénovés entre 2023 et 2024 pour améliorer leur classement énergétique.
Mais tout n’est pas si simple. Face aux coûts parfois très élevés des travaux de rénovation, certains propriétaires préfèrent retirer temporairement leurs biens du marché locatif en attendant d’y voir plus clair sur les aides disponibles et les évolutions réglementaires.
La nouvelle méthode de calcul du DPE fait débat
Autre élément clé : la refonte du mode de calcul du DPE. Si elle a permis à certains logements de grimper dans le classement, elle a aussi créé quelques anomalies statistiques. À Nantes, le nombre de logements classés G a ainsi chuté de 79 %, mais ceux classés F ont parallèlement bondi de 90 %. Même constat à Grenoble, où la catégorie G a reculé de 68 %, tandis que les classes F et E ont respectivement augmenté de 33 % et 43 %.
Des chiffres qui laissent penser que certains logements ont bénéficié d’une amélioration de leur notation sans pour autant avoir été réellement rénovés. Résultat : des suspicions de fraude émergent, notamment dans les zones où les évolutions semblent trop spectaculaires pour être crédibles.
Paris, un cas à part
La capitale, où le bâti est particulièrement ancien, est un des territoires les plus touchés par cette mutation. Près de 35 % des logements y sont considérés comme des passoires thermiques, contre 17 % en moyenne dans le reste de la France.
Sous la pression des nouvelles normes, de nombreux propriétaires cherchent à améliorer leurs biens pour éviter l’interdiction de mise en location. Mais cette ruée vers la rénovation donne parfois lieu à des pratiques discutables. Certains diagnostics sont contestés en justice par des locataires, entraînant des litiges et des coûts supplémentaires pour les propriétaires.
Quelles stratégies adopter ?
Face à ce bouleversement du marché locatif, propriétaires comme locataires doivent s’adapter. Pour les bailleurs, plusieurs options sont sur la table :
- Évaluer régulièrement l’état énergétique de leur bien et anticiper d’éventuelles rénovations.
- Prioriser les travaux les plus efficaces pour améliorer le DPE sans exploser les coûts.
- Se renseigner sur les aides financières mises en place pour faciliter la transition.
- Suivre l’évolution de la réglementation pour éviter les mauvaises surprises.
Côté locataires, mieux vaut prêter attention aux indices de consommation énergétique et ne pas hésiter à faire vérifier un DPE en cas de doute. Les recours existent, notamment en cas de diagnostic suspect ou de mauvaise foi de la part du bailleur.