Le secteur immobilier a traversé une tempête inédite en 2024. Les chiffres publiés par la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI) et les données gouvernementales dressent un tableau sombre, révélant des niveaux historiquement bas de ventes de logements neufs. Mais malgré les difficultés, des signes d’adaptation émergent pour 2025.
Une chute sans précédent
L’année 2024 restera dans les mémoires comme l’une des plus éprouvantes pour l’immobilier neuf. Selon Pascal Boulanger, président de la FPI, il s’agit du « point le plus bas pour le secteur depuis cinquante ans ». En cause : une conjonction de facteurs aggravants, parmi lesquels les effets durables de la pandémie de COVID-19 et une baisse drastique des permis de construire délivrés.
Les chiffres sont sans appel. Seulement 94 004 logements collectifs neufs ont été vendus en 2024, marquant une baisse de 5,8 % par rapport à 2023. Le quatrième trimestre a été particulièrement difficile, avec moins de 10 000 logements mis en vente. Sur l’ensemble de l’année, ce sont à peine 50 589 unités qui ont été proposées, soit une chute de 30,6 % par rapport à 2023 et de plus de 50 % comparé à 2022.
Le ralentissement ne touche pas seulement les ventes individuelles. Les ventes en bloc, généralement destinées aux bailleurs sociaux et aux investisseurs institutionnels, ont également reculé. Hors résidentiel géré, seulement 12 160 logements ont été commandés au quatrième trimestre, en baisse de 33,3 % sur un an. Même les résidences étudiantes et seniors n’échappent pas à cette tendance, avec seulement 1 800 lots réservés, contre 2 500 l’année précédente.
Des répercussions en cascade
Cette crise a des conséquences majeures sur l’ensemble de la filière. Le nombre d’emplois dans le secteur est passé de 32 000 à moins de 27 000 en deux ans, selon la FPI. Plusieurs entreprises ont été placées en redressement judiciaire, aggravant encore la situation.
Face à une demande en berne, les promoteurs adoptent une posture défensive. Près d’un programme commercialisé sur trois a été retiré du marché au dernier trimestre 2024, avec un taux de retrait de 31 %, identique à celui du troisième trimestre.
Des solutions innovantes pour relancer la machine
Malgré ces difficultés, certains acteurs du marché font preuve d’une résilience remarquable. Pour s’adapter à la baisse de pouvoir d’achat des acquéreurs, de nouvelles stratégies émergent. Parmi elles, la conception de logements plus compacts et mieux optimisés.
Des exemples concrets montrent l’évolution des pratiques. Les T3 sont désormais pensés avec des surfaces plus réduites, autour de 58 à 59 m², tout en maintenant des espaces de vie spacieux. La diminution de la taille des pièces « servantes » comme les WC et les salles de bain permet de réduire les coûts de construction et, in fine, les prix de vente.
En parallèle, les maisons standardisées gagnent du terrain. Hexahom illustre bien cette tendance en proposant des maisons à partir de 100 000 euros hors foncier. Grâce à une optimisation rigoureuse des matériaux, ces constructions modulables restent abordables et peuvent être agrandies ultérieurement, notamment par l’aménagement des combles.
Des mesures de soutien en 2025
L’année 2025 pourrait marquer un tournant pour le secteur grâce à la réintroduction élargie du prêt à taux zéro (PTZ). Ce dispositif, désormais étendu à l’ensemble du territoire, apporte une bouffée d’oxygène aux primo-accédants.
Autre nouveauté : les promoteurs pourront désormais vendre des logements locatifs intermédiaires à des particuliers. Cette évolution réglementaire ouvre de nouvelles perspectives de développement, en élargissant le marché des logements à prix modérés.
Bien que 2024 ait été marquée par des difficultés sans précédent, les professionnels de l’immobilier montrent leur capacité à innover et à s’adapter. Avec le soutien de dispositifs fiscaux renouvelés et des stratégies pragmatiques, 2025 pourrait bien amorcer un rebond attendu par tout un secteur.