Dans un contexte d’urbanisation croissante et de densification des centres-villes, la notion de droit de surélévation suscite l’intérêt des acteurs de l’immobilier. Qu’est-ce que ce concept implique et quelles sont les conditions à respecter pour y recourir ? Cet article vous propose une définition du droit de surélévation et met en avant ses principales caractéristiques.
Qu’est-ce que le droit de surélévation ?
Au sens strict, le droit de surélévation désigne la possibilité d’ajouter un ou plusieurs étages supplémentaires à un immeuble existant, dans le cadre d’un projet de construction ou de réhabilitation. La surélévation peut constituer une solution intéressante pour valoriser un bien immobilier, créer de nouveaux logements ou améliorer les performances énergétiques d’une copropriété. Toutefois, il s’agit d’une opération complexe, soumise à certaines conditions légales, réglementaires et techniques.
Surélévation et servitude de droits
Le droit de surélévation est étroitement lié à la notion de servitude, qui permet à un propriétaire de bénéficier d’un droit particulier sur la propriété d’un autre tiers (voisinage notamment). En pratique, cela signifie que le titulaire du droit de surélévation doit disposer de l’accord préalable du propriétaire du bien concerné, ainsi que des autres copropriétaires si nécessaire. Il convient également de tenir compte des éventuelles servitudes existantes, relatives par exemple au droit de passage ou de vue.
Le rôle des autorisations d’urbanisme
Pour mener à bien une opération de surélévation, il est indispensable d’obtenir les autorisations d’urbanisme requises. Cela passe généralement par la délivrance d’un permis de construire, qui doit prendre en compte les règles locales d’urbanisme (code de l’urbanisme, plan local d’urbanisme…), ainsi que les contraintes liées à la surélévation elle-même (stabilité de la structure, respect des normes de sécurité incendie et d’accessibilité…).
Les conditions à respecter pour exercer le droit de surélévation
Conformité avec les documents d’urbanisme
La mise en œuvre du droit de surélévation suppose de vérifier que le projet de construction est conforme aux dispositions prévues par les différents documents d’urbanisme applicables localement. Il s’agit notamment :
- du plan local d’urbanisme (PLU), qui définit les orientations générales en matière d’aménagement du territoire et d’utilisation des sols ;
- du schéma de cohérence territoriale (SCoT), qui établit un cadre de référence pour harmoniser les politiques d’urbanisme de plusieurs communes sur un même périmètre ;
- des lois littoral et montagne, qui encadrent spécifiquement les constructions dans ces zones sensibles.
En cas de non-conformité avec ces documents, le projet peut être refusé par l’autorité compétente (mairie ou préfecture).
L’accord des copropriétaires et voisins
Dans le cadre d’un immeuble soumis au statut de la copropriété, la réalisation d’une surélévation nécessite l’obtention de l’accord préalable des copropriétaires réunis en assemblée générale. Dans ce contexte, il est indispensable que le projet respecte les dispositions du règlement de copropriété. Les droits de vote de chaque copropriétaire seront pondérés en fonction de leurs tantièmes de copropriété.
De manière plus générale, il convient également de prendre en compte les éventuels désaccords avec les voisins, qui peuvent invoquer des servitudes de droit privé (par exemple, le droit de passage) pour contester un projet de surélévation.
La faisabilité technique et financière
Enfin, l’exercice du droit de surélévation requiert une étude approfondie de la faisabilité technique et financière du projet. Celle-ci doit notamment intégrer :
- la vérification de la solidité de la structure existante, afin de s’assurer qu’elle pourra supporter le poids supplémentaire généré par les nouveaux étages ;
- le diagnostic et la qualification des travaux à prévoir en matière de sécurité incendie et d’accessibilité aux personnes à mobilité réduite ;
- l’évaluation du coût global du projet (honoraires, travaux, taxes…), ainsi que les modalités de financement.
Pour garantir la réussite d’une opération de surélévation, il est donc primordial de s’appuyer sur des professionnels compétents et spécialisés, capables d’accompagner les acteurs concernés dans toutes les étapes du projet.
Bénéfices potentiels du droit de surélévation
Malgré les contraintes évoquées précédemment, le recours au droit de surélévation présente plusieurs avantages pour les propriétaires, les copropriétaires ou les promoteurs immobiliers. Parmi ceux-ci :
- la création de nouveaux logements dans des zones tendues ou en manque d’espace constructible, participant ainsi à l’aménagement du territoire et favorisant la mixité sociale ;
- la valorisation financière du bien immobilier concerné, grâce à une meilleure utilisation de l’espace disponible ;
- la réalisation d’économies d’énergie et la diminution des charges de copropriété, en lien avec la mise en œuvre de travaux d’isolation thermique et acoustique liés à la surélévation ;
- le financement de travaux de réhabilitation de la copropriété par la vente des droits de surélévation à un professionnel de l’immobilier, permettant ainsi de partager les coûts entre tous les copropriétaires.
Cela dit, l’appréciation des bénéfices potentiels du droit de surélévation doit être nuancée en fonction des spécificités de chaque projet et des contraintes qui y sont associées. En tout état de cause, une évaluation rigoureuse des enjeux techniques, juridiques et financiers s’avère indispensable pour garantir la réussite d’une opération de surélévation et minimiser les risques encourus.
Quelques exemples de projets de surélévation réussis
Pour illustrer les différentes possibilités offertes par le droit de surélévation, on peut citer plusieurs exemples de réussites notables en matière de construction :
- La surélévation d’un immeuble Haussmannien à Paris, permettant de créer deux nouveaux appartements de standing tout en respectant les caractéristiques architecturales de l’ensemble ;
- La transformation d’un bâtiment industriel désaffecté en logements collectifs grâce à l’ajout de plusieurs étages supplémentaires, dans le cadre d’une démarche de reconversion urbaine ;
- L’amélioration des performances énergétiques d’une copropriété par la réalisation d’une surélévation en structure bois, contribuant ainsi à réduire les charges et l’empreinte carbone du bâtiment.
Néanmoins, il est important de rappeler qu’aucun projet de surélévation ne ressemble aux autres, et que chaque opération doit être adaptée aux contraintes et exigences spécifiques du site concerné. Dans tous les cas, la réussite d’une surélévation repose avant tout sur une étroite collaboration entre les acteurs impliqués (propriétaires, copropriétaires, architectes, urbanistes, entreprises…), ainsi que sur une bonne maîtrise des aspects juridiques et réglementaires qui en découlent.