Retraites complémentaires : vers un échec des négociations ?

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Les partenaires sociaux doivent se retrouver mercredi pour tenter de se mettre d’accord in extremis sur le financement des retraites complémentaires. Quels sont les enjeux de la négociation ?

Les partenaires sociaux doivent se retrouver mercredi 11 mars pour tenter de se mettre d’accord in extremis sur le financement des retraites complémentaires, après l’échec jeudi de ce qui devait être la dernière séance de discussions.

Les négociateurs se sont quittés la semaine dernière sans avoir été capables de trouver un consensus sur les moyens d’assainir la situation financière délicate de l’Agirc (retraites complémentaires des cadres du privé) et l’Arrco (tous les salariés du privé), dont les déficits avoisinaient 4,5 milliards d’euros en 2012. Le besoin de financement est estimé entre 6 et 10 milliards d’euros d’ici à 2017.

Un énième round de négociations est prévu mercredi

Alors que la séance du 7 mars était censée être la dernière, patronat et syndicats, qui gèrent les régimes, ont prévu de se retrouver pour un énième round de négociations mercredi après-midi. Le temps presse, car si aucun accord n’était trouvé, les pensions des 11 millions de retraités concernés seraient automatiquement revalorisées le 1er avril à hauteur de l’inflation, creusant un peu plus les déficits des régimes. Des réserves ont bien été accumulées, mais elles diminuent à vue d’oeil depuis que la crise économique pèse sur les recettes. Malgré ce contexte, plusieurs syndicalistes n’ont pas exclu jeudi que les négociations, ouvertes en novembre, puissent carrément échouer.

Les discussions achoppent sur plusieurs points: la hausse des cotisations, qui sont payées à 60% par les entreprises et 40% par les salariés, et une moindre revalorisation des pensions.

« Inacceptable en l’état »

Les syndicats seraient prêts à accepter une baisse du pouvoir d’achat des retraités, via une hausse des pensions inférieures à l’inflation, si celle-ci était limitée dans le temps. Mais le patronat tient à ce que cette mesure s’applique durant trois ans quand les syndicats veulent la limiter à deux ans. Ils exigent aussi en contrepartie une hausse du taux de cotisation « contractuel », qui ouvre des droits à la retraite.

Le patronat ne consent pour le moment qu’à une hausse du « taux d’appel » qui, lui, revient à faire cotiser davantage entreprises et employés sans offrir pour autant une pension plus élevée in fine. Le patronat a lâché un peu de lest sur ce point jeudi, en proposant une hausse du « taux d’appel d’un point en 2014 » qui pourrait ensuite se transformer en hausse du « taux contractuel ». Mais cette promesse a été assortie de plusieurs conditions, comme la reconstitution des réserves financières des régimes, ou le constat d' »un recul significatif de l’âge moyen de départ à la retraite ».

Inacceptable en l’état, pour les syndicats. Les dernières propositions du patronat « ne nous (vont) absolument pas », a résumé jeudi Philippe Pihet, de Force ouvrière. Eric Aubin, de la CGT, a aussi appelé le Medef à revoir sa copie. Les syndicats ont estimé que le Medef utilisait les négociations sur les régimes de retraites complémentaires comme « moyen de pression » sur le gouvernement, qui prépare une réforme du régime général, pour la fin de l’année. Selon eux, la lutte interne au Medef pour la succession de Laurence Parisot pèse aussi sur les débats.

La désindexation sur l’inflation n’est « pas incontournable »

Interrogée dimanche sur l’hypothèse, pour le régime général, d’une désindexation sur l’inflation, au coeur de la négociation sur les retraites complémentaires, la ministre de la Santé et des Affaires sociales Marisol Touraine a qualifiée cette option de « pas incontournable ». Sur le plateau du Grand jury RTL-LCI-Le Figaro, elle a aussi dit « regretter que le Medef ait durci le ton », appelant de ses voeux à un accord. « Le gouvernement n’a pas à s’y immiscer, il n’a pas non plus nécessairement à l’imiter », a-t-elle souligné.

Une commission pour l’avenir des retraites installée le 27 février par le Premier ministre Jean-Marc Ayrault doit élaborer des pistes de réforme d’ici à juin, avant une concertation.

 (Avec AFP)