La Cour des comptes propose une réforme des droits de succession pour une meilleure équité fiscale

La Cour des comptes propose une réforme des droits de succession pour une meilleure équité fiscale

Fiscalité

Les droits de succession, imposés sur les héritages en fonction du lien de parenté et du montant de l’héritage, sont souvent mal acceptés en France. La Cour des comptes a récemment présenté un rapport soulignant la nécessité d’une réforme de ces droits, visant à améliorer leur équité tout en maintenant un rendement fiscal constant.

Une augmentation significative des recettes de succession

Depuis 2011, les recettes de l’État issues des droits de succession ont connu une croissance impressionnante de 137%, atteignant 16,6 milliards d’euros en 2023. Cette hausse est en grande partie attribuable à la valorisation croissante des actifs immobiliers et financiers. Malgré ce contexte économique favorable, l’acceptation sociale de cet impôt reste faible en raison de la perception d’une fiscalité globale lourde sur le patrimoine.

Face à cette situation, la Cour des comptes recommande une refonte de la fiscalité liée aux successions afin de mieux redistribuer les richesses et d’accroître l’équité entre contribuables. Une révision à rendement constant, c’est-à-dire sans diminuer les recettes fiscales totales, serait souhaitable selon cet organisme public indépendant.

Propositions de réformes : focus sur les dispositifs fiscaux dérogatoires

Pour alléger le fardeau fiscal que représentent les droits de succession, particulièrement pour certaines catégories comme les frères et sœurs ou les enfants de familles recomposées, la Cour des comptes suggère de réduire certains avantages fiscaux spécifiques. Parmi ceux-ci, le dispositif Dutreil permet actuellement d’exonérer jusqu’à 75% des droits de donation et succession sur les entreprises familiales.

De plus, l’assurance vie représente un autre levier fiscal important. Ce contrat d’épargne, retransférable au décès du souscripteur, bénéficie d’un régime fiscal très avantageux, surtout pour les versements effectués avant 70 ans. Ces régimes de faveur contribuent inégalement à la charge fiscale, profitant davantage aux patrimoines élevés.

Favoriser une taxation plus équitable

La Cour des comptes préconise d’analyser et de quantifier précisément les coûts des avantages fiscaux liés à l’assurance vie et aux autres régimes de faveur. Ces informations permettront de travailler sur des réductions ciblées de dépenses fiscales, rendant ainsi possible une baisse des taux de droits de succession pour les héritiers les plus défavorisés.

Réduire les avantages fiscaux disproportionnés pour les grandes successions pourrait financer une réduction des droits pour les collatéraux (comme les frères et sœurs) ou les enfants de familles recomposées. Actuellement, ces derniers sont souvent imposés à des taux pouvant atteindre 60% au-delà d’un abattement très limité de 1 594 euros.

Impact social et débats politiques

La question de la réforme des droits de succession divise fortement l’opinion publique et les décideurs politiques. Lors de la campagne présidentielle de 2022, Emmanuel Macron avait proposé d’augmenter l’abattement sur les successions en ligne directe de 100 000 à 150 000 euros mais n’a pas mis en œuvre cette mesure par la suite. Jean-Luc Mélenchon, quant à lui, avait évoqué l’idée d’un plafond sur l’héritage à 12 millions d’euros.

Cette volonté de réforme reflète un besoin pressant d’équité fiscale alors que les avantages procurés par des dispositifs comme le Pacte Dutreil ou l’assurance vie restent importants pour les ménages les plus aisés. Les réformes proposées visent ainsi à rétablir une certaine justice fiscale tout en équilibrant les recettes de l’État.

Vers une nouvelle ère de la fiscalité successorale  ?

Le débat actuel sur les droits de succession met en lumière les difficultés de mise en place d’une fiscalité qui soit perçue comme juste par tous. Pour répondre à ces critiques, les propositions de la Cour des comptes doivent faciliter une redistribution plus équitable sans compromettre les recettes de l’État. Les dispositifs dérogatoires, bien qu’utiles pour certaines pratiques économiques, pourraient être resserrés afin de ne plus favoriser excessivement les grandes fortunes.

Le chemin vers une réforme optimale est complexe et nécessite une fine balance entre équité sociale et performance économique. En attendant, les discussions se poursuivent, et chaque proposition génère son lot de controverses et de réflexions sur l’avenir du système fiscal français.